Les principes généraux de la politique en matière de Parcs Naturels Régionaux sont arrêtés par le gouvernement après avis d'une commission interministérielle". (Art. 5 - Décret du 24 octobre 1975)
Les différents ministres chargés de la Protection de la Nature et de l'Environnement ont précisé cette politique, en soulignant le caractère exemplaire qu'elle doit revêtir en matière de protection du milieu naturel et des paysages.
"Tout ce qui modifie sensiblement le paysage doit être traité avec un soin particulier. Le Parc Naturel Régional doit avoir un caractère exemplaire". (M. D'ORNANO - 10 juin 1977)
Cependant, la protection des paysages ne doit pas avoir pour but de figer le territoire, "il faut que la France ait des parcs vivants, non des musées" (A. FOSSET- 11 juin 1976).
Le maintien de l'originalité de la région au sein du territoire est le principe essentiel de cette politique. Elle doit harmoniser l'économie régionale avec la protection.
"Le rôle particulier, et à mon sens, capital qu'ils jouent, et devront de plus en plus jouer, est celui de découvrir et de transmettre ce que le travail de nos ancêtres a produit de plus précieux (1'harmonie des paysages, 1'architecture des maisons, leur histoire), de transmettre aussi le sens de l'aménagement du territoire qui les animait". (A. FOSSET- 11 juin 1976)
Afin de soutenir cette politique, l'équipe du Parc dispose de deux types de moyens, la concertation et l'incitation.
L'incitation se manifeste par les conseils ou par le financement que peut apporter le Parc aux collectivités locales et aux particuliers. Elle n'a lieu qu'à partir d'un travail d'animation et d'information.
La concertation a lieu à tous les niveaux, avec les administrations régionales, départementales, communales, et avec les habitants du Parc eux-mêmes.
Le paysage est la résultante de plusieurs facteurs interdépendants dont les principaux sont le sous-sol, le relief, le climat, le sol, la végétation, les activités humaines.
De l'action de ces facteurs naît une image visuelle qui n'est que leur expression. L'analyse de chacun d'eux permet de comprendre la formation du paysage et, par suite, d'appréhender les tendances de son évolution. Celles-ci étant connues, diverses solutions peuvent être proposées, en fonction des problèmes posés.
Le zonage des différents types de sensibilité était plus difficile à établir. Il fallait tout d'abord définir cette notion.
Les paysages ayant une sensibilité due à leur rareté (marais, tourbières, landes, pelouses, etc) ont tout d'abord été éliminés de ce zonage, ils ont été pris en compte dans la carte des richesses naturelles. Leur recensement n'était pas l'objet de cette étude qui devait surtout s'attacher aux problèmes généraux.
Restaient deux types de sensibilité :
- une sensibilité de paysage uniforme dont l'exemple type est la campagne de Sées
- une sensibilité de site, type Alpes Mancelles.
Entre ces deux extrêmes se situe toute une série de paysages aux sensibilités diverses. Dans les deux exemples cités plus haut, peuvent être constatées:
- dans l'un l'absence de végétation arborescente et l'absence de relief
- dans l'autre l'existence d'un relief accidenté et l'abondance de végétation arborescente clairsemée de parcelles découvertes.
Le zonage s'est donc orienté en fonction de ces deux critères:
- diversification du relief
- végétations représentant des coupures dans le paysage.
Afin de cartographier ces deux éléments, l'étude s'est inspirée d'une méthodeutilisée par le Centre d'Etudes Phytosociologiques et Ecologiques de Montpellier.
La diversité du relief est exprimée par le nombre de courbes de niveau et de cours d'eau.
La végétation est exprimée par la densité des coupures végétales. Cette densité est décomposée en fonction des trois types de végétation présents dans le Parc : haies, vergers et bosquets.
La carte finale fait ressortir différentes caractéristiques:
- l'ouverture du paysage
- la richesse du paysage
Apparaissent également des paysages méconnus mais ayant une valeur certaine :
- la valeur biologique du paysage
- la valeur touristique en liaison avec la richesse du paysage
Cette carte ne donne pas d'échelle de sensibilité ; chaque paysage réagit différemment suivant l'action qui y est menée.
Un aménagement modifiant les structures existantes (remembrement, élargissement de routes, etc) entraîne généralement une destruction des éléments arborés, un paysage diversifié est plus sensible à ce type d'action qu'un paysage découvert.
Par contre lorsqu'un aménagement donné consiste à insérer un ou plusieurs éléments dans une région (urbanisation, électrification, bâtiments agricoles, usines, château d'eau, etc), le paysage diversifié est beaucoup moins sensible que le paysage ouvert.
Ces caractéristiques, liées au fait qu'un paysage diversifié a une plus grande valeur qu'un paysage uniforme, ont donné la ligne directrice de cette étude : maintenir la diversité du paysage.
