La réserve naturelle de Beauguillot, située à la base sud-est de la presqu'île du Cotentin en bordure de la baie des Veys, est constituée d'un ensemble d'anciens schorres gagnés sur la mer par l'édification de 3 digues de poldérisation successives depuis le milieu du XIXème siècle.
La zone correspond à la façade nord-orientale d'une ancienne dépression, le "seuil du Cotentin", affectée par des mouvements marins jusqu'au Miocène et remblayée peu à peu durant la fin du Tertiaire et le Quaternaire par des séries de dépôts en relation avec les fluctuations du niveau marin induites par les glaciations quaternaires. La régression würmienne a permis finalement la formation de cordons dunaires qui ont accéléré le processus naturel de poldérisation.
Au XIXème siècle, l'homme a pris le relais en édifiant une digue juste en avant du site actuellement occupé par la ferme de Beauguillot; deux autres digues, en 1954 et 1968 ont permis, en remodelant des cordons embryonnaires locaux et en s'appuyant sur le puissant appareil dunaire situé juste au nord, d'isoler de nouvelles parties du schorre de l'invasion marine.
Le contexte climatique est intermédiaire entre les climats atlantiques moyens rencontrés en Manche occidentale (Bretagne et Ouest-Cotentin) et les climats nord-atlantiques qui dominent sur les côtes de la Manche orientale. Ses caractéristiques essentielles résident dans: des températures hivernales douces, des températures estivales relativement basses, une amplitude thermique annuelle peu élevée -inférieure à 13°- , une pluviométrie abondante et également répartie sur tous les mois de l'année.
Les vents dominants orientés de secteur ouest et nord-ouest ne présentent pas sur cette côte relativement abritée le même facteur déterminant pour la végétation que sur la côte occidentale du Cotentin frappée de plein fouet par les dépressions nord-atlantiques.
En l'absence d'étude spécifique les données pédologiques précises font défaut. Les sols de la Réserve présentent toujours une fraction sableuse importante, ce qui a permis le lessivage rapide des chlorures contenus dans les horizons supérieurs par les pluies océaniques abondantes et explique la très faible représentation de la végétation halophile dans des parcelles qui ne sont isolées de la mer que depuis 20 ans seulement (LA GRANDE PIECE DE MER, LE TREFLE DE MER).
Ces sables sont bien pourvus en carbonate de calcium (d'origine coquillière en partie) et aucun indice de décalcification n'a pu être décelé au niveau de la végétation des dunes et des "mielles" qui hébergent une flore à tendance nettement calcicole.
Très localement, comme au "bois" de LA DUNE BLANCHE, ces sables peuvent être enrichis en matière organique dans une zone dépressionnaire ou les fluctuations de la nappe sont très faibles.
Le système hydraulique comprend:
- un ensemble de fossés de drainage collectant les eaux superficielles en direction du grand fossé de la digue sud et s'écoulant par une vanne située au sud-ouest de la Réserve ;
- une nappe phréatique à niveau variable, affleurant de manière permanente dans les plans d'eau aménagés à des fins ornithologiques.
Une légère chlorosité (n'excédant probablement pas 5gr/l) affecte les eaux d'une grande partie de ces fossés - selon un gradient décroissant du sud vers le nord- et ce, non seulement dans le polder le plus récent, mais également dans la partie centrale de la Réserve, des espèces végétales subhalophiles ayant été observées jusqu'à la parcelle du HANGAR