>L'attrait touristique du Pays d'Auge réside pour une très large part dans ses paysages mariant harmonieusement prés en pente, herbages plantés de pommiers, chemins creux et haies touffues ou entrouvertes sur un horizon coupé de coteaux verdoyants. Cette région bénéficie ainsi d'une image fortement attachée à son espace particulier, plongeant ses racines dans le terreau de l'histoire. Façonnés par des générations d'Augerons attachés à leur sol, ces paysages sont le fruit d'un "art de faire" qui se heurte maintenant aux nécessités de l'économie.
L'activité agricole traditionnelle, donc les agriculteurs, ont jusqu'à présent assuré l'entretien, et l'évolution lente des éléments constitutifs des paysages augerons. Ce sont eux qui font valoir les prés et herbages, taillent les haies, entretiennent certains chemins.
Mais déjà les prémices d'un certain abandon se font sentir : abandon de chemins, des parcelles les plus difficiles à travailler, à mécaniser, de bâtiments trop onéreux à entretenir. A l'avenir la situation risque de se modifier encore du fait du vieillissement rapide de la population active agricole et du faible nombre d'installations de jeunes agriculteurs, du fait aussi des exigences de la productivité conduisant à abandonner de nombreuses parcelles aux broussailles, à arracher les pommiers insuffisamment productifs, à ne plus consacrer de temps - ni d'argent - à la taille des haies, ni aux prairies pour les mettre en labour.
Dans le même temps l'amélioration des moyens de communications, notamment avec l'autoroute A 13, et le développement des migrations hebdomadaires de loisirs conduiront à un accroissement considérable du nombre des citadins à la recherche des paysages de qualité du Pays d'Auge, si proche des concentrations urbaines, en particulier de la région parisienne. Pour eux, l'attachement à une "image augeronne" de haut niveau qualitatif reflète "la nouvelle psychologie collective de la civilisation urbaine, née de l'asphalte et du béton. "
Le Pays d'Auge peut jouer là une carte d'importance pour le développement d'une économie basée sur le tourisme et les loisirs, parallèlement au développement de l'agriculture. Le patrimoine immobilier peut être sauvegardé dans l'avenir par les résidents secondaires, par l'extension de l'accueil touristique en milieu rural, voire par les résidents permanents ; mais il est à craindre que personne ne puisse entretenir le paysage et que celui-ci connaisse des modifications, voire des dégradations si profondes, reboisements, disparition des haies, arrachage des pommiers,... qu'il perde les traits de sa personnalité, de son caractère, et du même coup son attractivité. Non qu'il s'agisse de figer les paysages augerons dans leur aspect actuel, il convient en fait d'assurer à la fois la préservation de certains traits paysagers, et une évolution harmonieuse, et qualitativement élevée, pour garder au Pays d'Auge ses atouts dans le développement de l'économie touristique et des loisirs, et toutes les possibilités de la promotion d'une agriculture rentable et d'une vie rurale dynamique.
Dans cette optique, la présente étude a pour objectifs :
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d'apporter une contribution aux actuelles préoccupations de protection de la nature du Secrétariat d'Etat à l'Environnement en dehors des zones rurales généralement étudiées (telles que les parcs naturels régionaux)
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de proposer une méthodologie pour l'analyse de situations concrètes en matière paysagère dans la région concernée
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de proposer des éléments de solutions dont les principes pourraient être généralisés dans une Charte des Paysages Augerons.
Les situations concrètes ont été étudiées selon un modèle de monographie communale faisant apparaître le 5 éléments constitutifs des paysages augerons, les transformations subies, un bilan des évolutions et une appréciation de l'avenir possible. Cette analyse a été menée au niveau de trois cornmunes choisies comme caractéristiques :
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dans un secteur agricole traditionnel, avec une faible pénétration des résidences secondaires , des tentatives de reboisement en cours : Le Brévedent (canton de Blangy-le-Château) ;
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dans un secteur agricole avec une pénétration touristique en développement, une évolution assez nette de l'agriculture, des modifications possibles des paysages dans les prochaines années (proximité de l'échangeur autoroutier et du plan d'eau de Pont-l'Eveque) : Pierrefitte- en-Auge (canton de Pont-l'Evêque) ;
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dans un secteur à forte pénétration touristique, proche d'une côte et de stations balnéaires très fréquentées : Barneville (canton de Honfleur).
L'étude des éléments du paysage a été effectuée à travers une enquête exhaustive, à la parcelle, sur le terrain. Les évolutions ont pu être appréciées grâce à une documentation diverse, notamment les missions photographiques aériennes effectuées en 1949, 1955 et 1972.
