Le bassin de Sainteny-Marchésieux représente une ressource aquifère particulièrement intéressante à l'échelle du département de la Manche puisqu'il alimente en eau potable 15% de la population du département. Le sous-bassin de Sainteny au nord-ouest (environ 35km2)est exploité à raison de 4 à 5 millions de m3/an,tandis que le sous-bassin de Marchésieux, plus vaste (environ 88km2) est actuellement très peu exploité. Les connaissances jusqu'alors disponibles ne permettaient pas d'évaluer précisément l'extension et la nature des différentes formations géologiques en place, ainsi que les potentialités des aquifères associés. De plus,des travaux de recherche réalisés par l'université de Rennes entre 2001 et 2012,essentiellement dans le sous-bassin de Sainteny, ont mis en évidence la fragilité, dans certaines conditions, des zones de marais et tourbières et la nécessité de veiller à mieux appréhender les impacts des prélèvements d'eau souterraine sur les zones humides et de mieux caractériser le contexte géologique et hydrogéologique du secteur.
L'Agence de l'Eau Seine-Normandie, le Conseil Départemental de la Manche et le BRGM ont ainsi initié en 2012 un projet visant à améliorer la connaissance géologique et hydrogéologique du sous-bassin de Marchésieux. Les zones humides représentant environ 30% de la superficie du sous-bassin de Marchésieux, leur relation avec les eaux souterraines faisait partie intégrante des objectifs de l'étude.
Ce projet a été réalisé en concertation avec la DREAL de Basse-Normandie, la DDTM de la Manche, les universités de Caen et de Rennes, le Parc Naturel Régional des Marais du Cotentinet du Bessin (PNRMCB)et le Syndicat Départemental de l'eau de la Manche (SDeau50).
Les résultats du projet ont fait l'objet de cinq rapports détaillant chacun une partie des résultats:
- le rapport BRGM/RP-62855-FR (Laurent et al., 2014) présente une synthèse des données et connaissances existantes sur le sous-bassin de Marchésieux ;
- le rapport BRGM/RP-63136-FR (Laurent et al., 2014) présente les résultats de trois pompages d'essais réalisés sur les forages du Château, de la Grosnière et de la Corbinerie ;
- le rapport BRGM/RP-65218-FR (Vittecoq et al., 2015) présente les résultats des investigations géophysiques ;
- le rapport BRGM/RP-65224-FR(Vittecoq, 2016) présente les résultats de la campagne de forages de reconnaissance, diagraphies et pompages d'essais ;
- enfin, le présent rapport présente les résultats des différents suivis réalisés sur la durée du projet (rivières, zones humides, forages profonds),les interprétations associéeset les modèles conceptuels hydrogéologiques qui en découlent. Sont également présentés les cartes piézométriques élaborées, la caractérisation hydro-géochimique des eaux ainsi que les bilans hydrologiques calculés sur la base des nouvelles connaissances acquises.
Le suivi réalisé depuis deu xans et demi via les différents réseaux de forages et piézomètres, a permis de mettre en évidence plusieurs fonctionnements hydrogéologiques saisonniers bien distincts,que ce soit pour les forages profonds(avec une différenciation entre la rive gauche et la rive droite de la Taute)ou pour les piézomètres situés dans les zones humides. Pour ces derniers, les vannes et portes à flots situées plusieurs kilomètres à l'aval,sur la principale rivière exutoire de ce sous-bassin, qui visent à limiter les intrusions d'eau de mer et à contrôler les niveaux d'eau dans les marais, jouent un rôle majeur dans le contrôle des niveaux d'eau souterraine au sein des tourbières et zones humides associées.
Les cartes piézométriques réalisées permettent quant à elles de montrer le rôle joué par les aquifères de socle situés en amont dans l'alimentation du sous-bassin de Marchésieux et de Sainteny et d'étendre ainsi les surfaces contributrices à l'alimentation de l'hydrosystème. Sur cette base, une actualisation du bilan hydrologique a été réalisée. La contribution des aquifères de socle pourrait ainsi expliquer les difficultés de calage rencontrées dans les modélisations réalisées récemment (Armandines les Landes et al., 2014; Lebideau, 2014).
Au sein du sous-bassin sédimentaire de Marchésieux, les cartes piézométriques mettent en évidence le drainage des nappes superficielles par les principaux cours d'eau (Taute, Lozon, La Bucaille...). Ellespermettent ausside distinguer plusieurs nappes superficielles plus ou moins perchées, comme autour du château d'Auxais ou du bourg de Marchésieux. De plus, la crête piézométrique entre le sous-bassin de Sainteny et le sous-bassin de Marchésieux est peu marquée. Enfin, ces artes confirment que les zones humides, en plusd'être l'exutoire des nappes profondes via des flux ascendants, onstituent également l'exutoire des nappes superficielles du secteur.
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