Le littoral sud-dieppois est à la fois fortement urbanisé, et marqué par l'érosion des falaises de craie qui le constituent, induisant un recul inexorable du trait de côte.
De nombreuses études ont déjà traité de la problématique du recul du trait de côte. Elles se concentrent surtout sur l'estimation des moyennes de reculs passés. Cette information, certes importante, n'est dans ce contexte de côte à falaises, pas suffisante pour appréhender le recul du trait de côte. En effet, les vitesses moyennes d'érosion des falaises mentionnées dans ces documents masquent d'importantes disparités spatiales et temporelles, avec notamment l'existence d'érosion par «à-coups» qui se traduit souvent, localement, par l'occurrence d'éboulements mobilisant de grands volumes de roches qui génèrent des reculs importants sur des périodes de temps courts, pouvant de surcroit être amplifiés par l'existence de spécificités géologiques locales.
Depuis plusieurs années, les différentes recherches menées sur le sujet (Universités de Caen,de Rouen, du Havre, d'Amiens, de Dunkerque, plusieurs universités britanniques, BRGM, CEREMA...) tendent à montrer que les facteurs et les dynamiques qui régissent le recul des falaises sont multiples (lithologie, fracturation de la roche,houle, cortège sédimentaire, saturation en eau de la craie, gel/dégel, impact anthropique...), et difficiles à appréhender.
Les mécanismes d'érosion par «à-coups» et les spécificités géologiques qui les accentuent sont particulièrement marqués dans la région dieppoise.
Ainsi, un évènement particulièrement important, survenu route de Pourville, a fortement impacté la géométrie de la falaise située à l'ouest de Dieppe depuis décembre 2012, provoquant des reculs atteignant 40m en quelques mois et causant le péril de plusieurs enjeux. Les causes de ce phénomène sont complexes et mal comprises.
Se sont alors posées les questions de l'extension que pourrait atteindre le phénomène observé à Dieppe, mais aussi de la reproductibilité d'un tel évènement sur cette côte à enjeux.
A l'issue de ce constat en 2013, les services de l'état (DDTM76, Sous-Préfecture de Dieppe) ont convenu avec le BRGM de mener la présente étude pour essayer de comprendre et d'estimer l'évolution du recul du trait de côte des portions de falaises situées entre Pourville et Dieppe ainsi qu'au niveau du cimetière marin de Varengeville-sur-Mer, au regard de la spécificité géologique qui caractérise ces secteurs. Trois objectifs précis ont été définis :
- Comprendre le phénomène en cours et définir son extension maximale à terme;
- Déterminer sur le long terme l'aléa «recul du trait de côte» entre Dieppe et Pourville-sur-Mer;
- Définir l'aléa pour l'église et le cimetière marin de Varengeville-sur-Mer, site classé d'importance pour le patrimoine et le tourisme local.
Au cours de cette étude, les travaux menés par le BRGM ont mobilisé des technologies nouvelles afin d'essayer de comprendre et de quantifier l'évolution du phénomène en cours, et de déterminer les facteurs susceptibles d'intervenir dans le recul du trait de côte à long terme.