Le réchauffement climatique de la basse atmosphère, très probablement lié à l'effet de serre additionnel d'origine humaine, devrait avoir des répercussions sur l'évolution des côtes dans le courant des prochaines décennies. En effet, il provoquera logiquement une élévation du niveau moyen de la mer et sera vraisemblablement accompagné de tempêtes plus fortes et plus fréquentes. Une accélération de l'érosion des plages et des falaises, une extension des submersions temporaires ou permanentes sur les espaces côtiers bas, une accentuation de la salinisation des eaux souterraines littorales sont donc prévisibles.
Le Conservatoire du littoral est directement concerné par ces prévisions. Doivent-elles être prises en compte dans sa stratégie d'acquisition foncière pour les années à venir ? Appellent-elles une modification des principes de gestion appliqués sur ses sites ? C'est pour répondre à ces questions qu'une étude prospective a été lancée en 2002, avec le soutien de la Fondation Procter et Gamble pour la protection du littoral, afin d'essayer d'évaluer l'impact des effets du changement climatique prévu sur les terrains dont le Conservatoire a déjà la propriété et sur ceux qu'il est susceptible d'acquérir d'ici à 2100.
L'étude s'est déroulée en deux temps. Le premier (2002-2003) a été consacré à une analyse prévisionnelle de l'évolution du trait de côte d'ici à la fin du XXIème siècle sur dix sites pilotes du territoire métropolitain, choisis sur les différentes façades du pays, appartenant à des milieux différents (falaises, plages, marais, polders), exposés pour certains à l'érosion, d'autres à la submersion. L'exclusion de sites localisés outre-mer s'explique par une insuffisance de la documentation et des contraintes financières. L'étude des terrains retenus a été confiée à des universitaires qui en avaient une connaissance approfondie. La méthode d'analyse relevait de l'initiative des différents prestataires qui devaient, dans leur rapport, en justifier le choix et préciser les marges d'erreur des résultats obtenus. Il leur était aussi demandé, en prenant en compte une élévation du niveau de la mer de 44 cm d'ici à la fin du XXIème siècle, de fournir un document cartographique faisant apparaître la position supposée de la ligne de rivage en 2050 et en 2100 avec, éventuellement, les espaces qui pourraient être submergés en arrière d'elle à ces dates. La finalité de cette première phase était sans doute de fournir des scénarios prévisionnels d'évolution à l'échelle du siècle en cours pour les sites retenus, mais aussi de tester les méthodes, en montrant les difficultés de leur mise en oeuvre et en cernant les incertitudes qu'elles comportent.