L'arbre est un élément important de notre environnement. Qu'il soit isolé en haie ou en massif, il contribue autant que le milieu physique à la diversité des paysages. Néanmoins, excepté en des lieux bien spécifiques, les arbres n'ont pas été implanté dans ce but.
En milieu rural, l'arbre champêtre a différentes fonctions :
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économique: production des bois d'oeuvre, de bois de chauffage, de fruits ...
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écologique: protection du bétail, du gibier ...
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culturel : limite de propriété.
Celles-ci ont évolué de manière significative ces derniers temps. Depuis 25 ans, la place accordée à l'arbre dans l'espace agricole a constamment régressé. L'évolution de l'agriculture (intensification, spécialisation, augmentation de la surface des exploitations ... ) a entraîné sa marginalisation.
L'identification de l'agriculture moderne à l'openfield a conduit à un abattage drastique des haies lors des premiers remembrements. On observe pour les plus récents des suppressions plus mesurées.
Les enquêtes que nous avons effectués et les constats de l'état des arbres et des haies ont montré qu'il n'y avait plus de gestion du patrimoine boisé constitué par les haies on exploite ce qui existe sans souci de renouvellement des arbres.
La synthèse des enquêtes a permis une analyse plus fine des attitudes des agriculteurs vis-à-vis des haies.
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Les exploitants âgés sont favorables aux haies.
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les exploitants ayant de 35 à 50 ans y sont peu favorables.
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Les jeunes exploitants ont des attitudes diverses.
Les agriculteurs âgés (plus de 55 ans) constituent plus de 60% des exploitants du canton de Carrouges. Leur départ à la retraite aura une incidence défavorable sur la conservation et l'entretien du réseau.
Les entretiens avec les agriculteurs ayant planté des haies apportent des informations complémentaires sur leur perception. Ils plantent pour des raisons prec1ses (protection contre le vent essentiellement). Ils veulent des haies "utiles" pour ne pas avoir de surcroît de travail.
Les argumentations économiques, écologiques, paysagères ne sont pas porteuses pour la majorité des exploitants. Même s'ils y sont parfois un peu sensibles, cela ne motive pas le choix du maintien ou de la suppression de la haie : elle ne doit pas gêner.
Le maintien d'une trame bocagère cohérente passe par un renouveau de la fonction productrice. Pour qu'il y ait une véritable gestion de la haie, il faut qu'elle redevienne un espace productif considéré comme tel et non comme un élément "naturel" extérieur au système d'exploitation et produisant accessoirement du bois de chauffage.
Dans le cadre de la diversification des productions agricoles dans les régions défavorisées, la production de bois de haies avec des moyens de gestion adaptés et performants pourrait trouver un écho favorable.
Les plantations ornementales offrent un contexte sensiblement différent. Qu'ils soient des individus, des collectivités, des organismes, il y a une volonté unanime des "aménageurs paysager" de planter. Le besoin en matière de plantation se rapporte à leur conception et à leur organisation afin qu'une diversité de paysage puisse s'épanouir limitant l'extension d'un paysage urbain stéréotypé.